Mission Clair de Terre

J’ai décidé de réécrire la nouvelle à partir d’une liste de mots. Ici, celle de la semaine de la langue française. C’est la seule nouvelle que je n’ai pas gardé sur mon blog, car elle ne me plaisait pas du tout. Celle-ci n’était pas vraiment une histoire mais plutôt une tranche de vie : une salle de classe et des élèves qui rédigent un texte en groupe avec les mots de la consigne. C’était un peu se laisser aller à la facilité.

Reprenons d’abord la liste des mots qui ne me disent franchement rien : ailleurs, capteur, clair de terre, clic, compatible, désirer, génome, pérenne, transformer, vision.

Ensuite, un peu de courage, je ne vais pas me cacher au fond de la classe, près de la fenêtre. Je vais découper tout ça. Il me reste trois histoires en vrac avec les mots à placer. J’efface l’histoire d’amour et le poème et je garde le premier paragraphe :

« Cela faisait plus 315 jours que Matt n’était seul avec rien qu’une pomme de terre à manger par jour. Il avait maigri, vieilli, enlaidi, il était bien loin du Jason Bourne d’avant… Aujourd’hui son corps laissait à désirer. Il lui fallait trouver une solution pérenne et compatible avec le climat martien.  Sa survie en dépendait. Il ne pouvait plus attendre que la solution vienne d’ailleurs. Sur terre on le croyait sûrement mort. Son capteur ne recevait plus le moindre clic, signe que les recherches avaient été abandonnées. Le projet « Clair de terre » auquel il avait participé avait échoué. II n’y avait plus d’espoir. Le génome humain n’était pas compatible avec la vie sur Mars. Malgré les nombreuses tentatives de reproduction avec des habitants d’autres planètes, il était impossible de coloniser la galaxie. Aucun chercheur n’avait pu la transformer et certainement pas lui, chercheur de seconde zone avec une médiocre vision du futur. »

Quel est ce projet « clair de terre » ? Qui est Matt ? Que fait-il sur Mars ? Pourquoi vouloir se reproduire avec des martiens ? Quelle est l’histoire ?

En fait, à part avoir pensé à Matt Damon et au film Seul sur Mars, dans lequel il mange une demi-pomme de terre par jour et devient tout maigre, je n’en ai aucune idée. Je ne me souviens même pas du reste du film.

Tout est à recommencer. Il faut d’abord faire un plan. Comment vais-je m’y prendre ?

 Je décide d’aller voir mon frère. Après tout, il est magicien et fan de science-fiction. Je sonne à sa porte. Il met un temps fou pour ouvrir.  Il est surement en plein milieu d’un tour de magie.

-Tu tombes bien, dit-il en me voyant, j’ai besoin de tester ce tour. Dis-moi si ça marche. Bon, je te préviens, l’histoire n’est pas au top mais je n’en suis qu’au début.

-Moi aussi, figure-toi, je dois écrire une nouvelle pour demain et je n’ai pas d’idée.

-Ah ? C’est parfait alors, tu peux m’aider et écrire la mienne.

Deux heures plus tard, je repars bredouille avec des morts sur des cartes qui disparaissent dans un miroir. Ça ne me sert strictement à rien. Une histoire de fantômes, sans doute. Mon frère est persuadé que je peux mettre une famille du dix-neuvième siècle dans une histoire de science-fiction grâce à la cryogénisation.  

Je soupire. Si seulement il pouvait faire disparaitre les consignes 5 et 24 ! Ce serait vraiment un magicien incroyable, plus fort que Houdini !

J’oublie mon frère et reprends mon histoire. J’enlève l’allusion à Jason Bourne avant de revenir à mon plan.

Matt s’est retrouvé tout seul sur Mars.

Pourquoi ?

Après une terrible pandémie et le réchauffement climatique, la vie sur terre est devenue impossible. Une équipe de chercheurs se retrouve envoyée sur Mars pour tenter de coloniser la planète. Malheureusement l’équipage meurt et Matt est le seul survivant.

Le projet « Clair de Terre » auquel il participe consiste à recréer des conditions de vie qui seraient compatibles sur une autre planète.

L’idée initiale était de se reproduire avec les habitants de la planète colonisée, plus résistants au climat.

Pour ce faire, les scientifiques ont pour mission de capturer des Martiens et d’étudier leurs génomes.

Pourquoi l’équipage est-il mort ?

Emporté par une énorme tempête. Les hommes n’avaient pas du tout pensé à la météo désastreuse et aux conditions climatiques extrêmes de Mars.

Les pommes de terre ?

Je vais les retirer.

Le capteur ?

C’est un appareil pour rester en contact avec les autres scientifiques de la NASA. Ces derniers se trouvent sur un vaisseau gigantesque en orbite autour de la Terre. Ils veulent s’assurer que la vie sur Mars est possible avant d’y envoyer le reste des survivants.

Le vaisseau est une sorte d’arche de Noé futuristique, dans lequel sont installés les milliardaires qui avaient les moyens de s’offrir un billet de survie. Tous attendent une solution pérenne pour garantir la survie de l’espèce humaine.

C’est bien joli tout ça, mais on dirait Wall-E, me dit mon cerveau. Ce n’est pas grave, c’est ça ou j’inventais la naissance de Falzar, Le magicien de la Grande Ourse dans Khéna et le Scrameustache. Je pourrais d’ailleurs écrire que des rebelles martiens auraient transformé l’équipage de Matt en statue de sel ? Comme fait le Scrameustache.

J’hésite.

Alors, tempête ou rébellion ?

Je vais peut-être dormir dessus. La nuit porte conseil et je pourrais rêver d’une nouvelle de science-fiction fantastique que j’élaborerai comme ça, en un clic, mon cerveau alimenté par mon rêve extraordinaire.

Mais, non. Dormir et rêvasser, sont mes activités préférées, certes, mais ça ne donne jamais rien de très productif.

J’essaie de me concentrer, de chasser les visions ridicules qui me passent par la tête et de retourner à mon fameux plan.

Matt réussit-il son expérience ?

Difficilement, s’il est seul contre une armée de rebelles ou contre une tempête galactique.

Et les habitants du vaisseau de Noé ?

A mon avis, ils vont tous mourir de faim en orbite autour de la Terre. Il faut se rendre à l’évidence, il n’y a pas d’autre planète et l’argent ne pourra pas les sauver. Mon plan laisse à désirer, mais j’ai placé tous mes mots.

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